Les promesse de l'enfance n'ont pas été tenues par les adultes. Tristan Garcia retrace la défaite de ses trois personnages, Basile, Madeleine et Faber...
Faber a inspiré la jeunesse de ses deux amis, il en a modelé les rêves, les luttes. Il a été le centre - le cœur - d'une relation qu'ils auraient voulue exclusive et éternelle.
Allez, on les a connus, à l'école, au collège, ces garçons a qui on aurait voulu ressembler, les cadors dont on mimait les attitudes, qui fascinaient par leur aisance, imprimaient le respect par leur capacité à se créer des amis ou à combattre les injustices... et dont le filles étaient amoureuses sans qu'ils aient à déployer d'efforts surhumains. Faber est la quintessence de ces modèles de vie. Il a toujours une inspiration, une rébellion, un anticonformisme ou une lecture d'avance. Il sait en un mot trouver les failles, renvoyer forts et faibles à leurs doutes et leurs démons intimes car il est destructeur... C'est un héros sombre, peut-être un démon .
Et la lutte, la violence du passage à l'âge adulte marquent le début de la chute de Faber.
L'amitié issue de l'enfance peut-elle résister au conformisme, à la rentrée dans le rang de l'adulte ? Les adultes règlent leurs comptes... et la ville de Mornay est à Faber et ses amis ce que Bouville est au Roquentin de la Nausée, un théâtre en creux, un écrin banal et sinistre...
Tristan Garcia entraine ses personnages vers un suspens un peu artificiel là où j'aurais aimé savoir comment Faber séduit, fascine hommes et femmes, élèves et professeurs. C'est son corps, sa stature, son apparence, son aplomb, son regard ? Parle-il avec les mains ? Quels mots utilise-t-il pour convaincre ou pour détruire ? (c'est à peine esquissé, dans le roman). Quels arguments lui permettent de rallier les consciences ? Quelles idées plante-t-il dans le cœur de ses amis ou de simples inconnus ? Comment les porte-t-il ? Avec verve ? Frénésie ? Passion ?...
Juge-t-il avec lucidité ou avec une haine froide les failles de ses ennemis comme de ses amis ?
Ces explications primordiales me manquent terriblement dans ce livre passionnant mais que j'aurais tant voulu essentiel.
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