samedi 14 janvier 2012

Guy Delisle à l'auditorium du Musée Fabre de Montpellier

Ce vendredi, Guy Delisle donnait une conférence à l'auditorium du Musée Fabre, dans le cadre de l'opération "Parlez-moi d'Arts" organisé par la Librairie Sauramps.


Il a évoqué son parcours dans le cinéma d'animation (Folimage, Praxinos...) à Montréal, en Allemagne, en France, le jeu video (Ubisoft) et la bande dessinée (l'Association, Dargaud, Delcourt) avec un diaporama d'images extraites de ses travaux.


C'est tout son travail dans la BD qui a retenu mon attention :


Les premiers projets en noir et blanc, ligne claire, publiés dans "Le Lapin", proche de ce qu'a pu imaginer le dessinateur et illustrateur André Barbe. Petit à petit, son style, son originalité éclatent, se développent : il peut continuer ses expérimentations techniques, (craie grasse sur encre de Chine) sur "Shenzhen", son premier gros succès (35000 ex).




Pyongyang (qui m'a permis de découvrir son travail), Chroniques Birmanes (45000 ex) et enfin Chroniques de Jérusalem sont des succès... et le succès aidant, il s'éloigne de l'animation pour ne faire que de la bande dessinée.




Il travaille dans un studio à Montpellier et organise sa journée de façon stricte, écriture le matin et dessin l'après midi, ce qui lui permet de réaliser une planche par jour, sur format 24/32, soit 5 pages par semaine). Son travail est maintenant effectué essentiellement à l'encre de chine.


Il vit, note et retraduit en album sa vie. 
La vie : le quotidien, les petits événements du jour ou les rencontres sont notés ou croqués avec rapidité et précision. Les lieux sont repérés (photos, croquis...). Le vécu est consigné le soir et servira (ou non) à l'album.


Le travail : articuler, trier, choisir parmi tous ces événements pour donner un ensemble cohérent, personnel, avec un recul nécessaire.. A ce stade, les livres constituent une documentation indispensable pour compléter, enrichir et donner "du fond", du sens, à une simple impression ou à un témoignage.
Pour une page consacrée au Saint Sépulcre dans l'album Chroniques de Jérusalem (haut-lieu où dessiner ou prendre des photos est impossible), Google images est très utile par exemple ; )


Le croquis (effectué souvent en moins de 20 min. sur son bloc A6, au feutre noir  avec un col ou warm grey en complément) lui permet de se souvenir ; il y a du vécu derrière, comme des bouts de mémoire accrochés à chaque dessin.
Le croquis d'après nature nourrit le dessin au quotidien, permet de faire des synthèses, des choix de composition, il alimente l'imaginaire dans ce qui n'est pas sur l'image... Il est indispensable au créateur.






Voilà, pour finir, quelques notes disparates que j'ai pris durant la conférence :


-Un gris coloré (quadri) est plus riche qu'un gris tramé du noir.


-Guy Delisle, athée, laïc, peut faire sourire sur Jérusalem, sur les religions, il joue le rôle du Candide de Voltaire. Il a tout à apprendre et au fur et à mesure son opinion se fait. Lors de l'opération Plomb Durci, dont a été victime Gaza (1400 morts en deux semaines et demi) Il ne peut pas garder son côté factuel, décalé.


-Son album, c'est comme un ensemble de cartes postales qu'il aurait envoyé à ses amis.


-Sur Jérusalem, si nous n'y sommes pas allé, il est impossible de comprendre, la situation est tellement complexe... C'est comme Bruxelles !!



-Joe Sacco, sur Gaza 1956, est à charge. Il prend parti.



-Guy Delisle n'est pas journaliste, le journaliste travaille rapidement sur un fait divers mais plutôt un anthropologue (comme l'a suggéré un intervenant), le décalage de culture permet d'exposer les grandes règles de civilisation.


Tous les dessins reproduits ici sont extrait du blog de Guy Delisle et copyright Guy Delisle.

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