Voilà l'un des deux textes que j'ai commis.
|
LE
ROI DE LA PROTHESE
Jean-Pierre, tu es pour nous tous ici réunis un ami,
un frère, un fils aimant.
Nous
te devons bien de baptiser le square Georges Brassens de ton nom car la
renommée de notre village, ici, tu l’incarnes à toi seul. Tu es incontournable.
L’enfant-chéri, le phare, le prophète-en-son-pays de notre région. Aujourd’hui,
quand les media évoquent Espinasse-sur-Verdon, c’est toujours à Toi, Jean-Pierre
Campera, qu’ils font référence.
En
dévoilant officiellement la plaque commémorative et ce portrait dont tu as fait
don à notre cité, les mots de ton ultime poème nous reviennent en écho :
« J‘irai
jusqu’au sommet
Et
même une fois mort,
Je
grimperai encore ».
Voilà,
tu es arrivé au sommet puisque notre square municipal porte aujourd’hui ton
nom.
Enfant
du pays, tu n’as jamais voulu quitter la région des Grandes Fougières. Tu as
impulsé un souffle nouveau à notre village des années durant, reprenant la petite
société de chambre à air que ton père avait implanté au sortir de la seconde
guerre mondiale.
Tu
n’as jamais quitté la région, entre Espinasse-les-remparts où tu as créé ta
première société, Espinasse-les-Figues où tu t’es marié avec Ginette Lacaze en
1985, Espinasse-Ville où tu as divorcé en 1987 et enterré ton pauvre père deux
ans plus tard.
Mais
il fallait que cette entreprise familiale devienne l’écrin de notre village. Petit
à petit, tu as amené la prospérité et la richesse dans notre bassin d’emploi.
Tu n’étais pas un chef de chantier ou un expert-financier comme des personnes
malveillantes l’ont laissé entendre, et tu l’es devenu ! Un vrai tigre pour la
défense et l’expansion de ton entreprise.
Ainsi
les chambres à air ont fait place aux prothèses péniennes et ainsi la prothèse PPE*
a été connue dans le monde entier et a assuré pendant une décennie ta propre
prospérité ainsi que celle de notre village tout entier.
Jean-Pierre,
ton surnom de «Roi de la Prothèse pénienne» te va comme un gant. Pourtant
certaines âmes chagrines ont mené contre toi un combat en dénigrement. Tu étais
un chevalier de notre industrie locale, un dirigeant d’entreprise avisé et
visionnaire : tu as jonglé avec les conventions sociales des années durant, tu as
surfé sur les normes de sécurité obsolètes et tu as brisé toutes les si lourds carcans
du Commerce International. En avance sur ton temps, tu as pratiqué les relocalisations
au Bangladesh et tu as donné du travail à des centaines de jeunes enfants bien
avant tout le monde.
Que
les fournisseurs malhonnêtes qui ont réduit ton rêve à néant soient emportés
par leurs mensonges.
Allez, je laisse le discours officiel, celui
que j’ai écrit et répété et je m’adresse à toi avec les mots du cœur,
directement, d’homme à homme…
Tu sais que même si les entreprises que tu
dirigeais ont toutes été démantelées et que ta modeste propriété «Jean-Pierreland»
a été vendue à un Prince Saoudien, nous tous - à la municipalité - te sommes
restés fidèles au delà du raisonnable.
Entends-nous bien, Jean-Pierre. Tu es un
véritable artiste. On n’en a jamais douté. Un artiste qui ne s’est jamais
préoccupé de savoir si la silicone la moins chère est de bonne ou de mauvaise
qualité, si elle se répand dans le corps, ou que sais-je, si les factures sont
antidatées et les commissions rétrocédées, hein !
Alors, nous aussi, on a fermé les yeux sur les
règles, le Bengladesh et tout le reste et on t’a suivi, pensant que c’était
quand même bon pour nos concitoyens et on t’a couvert. On t’a couvert jusqu’au
bout, bien obligés qu’on était...
Bon, et même si, les années passant, tu es
devenu tellement étranger à la trivialité de notre quotidien de bouseux et à
nos besoins médiocres, nous avons quand même besoin de ton soutien financier,
il faut que tu le comprennes.
Par un ultime geste fort de ta part, ceux qui ont
été plongés dans le chômage et la misère, depuis que le scandale** a éclaté, pourront
garder secrètes toutes les révélations sur ta gestion, frauduleuse, hein, vieux
grigou, dans ces fameux comptes occultes - hé oui, nous, on les a trouvés - que
recherchent actuellement les juges d’instruction.
Alors, maintenant que le Square Georges
Brassens porte ton nom, c’était ta dernière demande à notre égard, je sais que
tu nous entend du côté de Marseille dans la prison des Baumettes où tu croupis à
juste titre ; si jamais tu dois en honorer une seule dans ta vie, espèce de
vieux salopard, alors que tu t’en es foutu plein les poches pendant plus de
vingt ans, honore ta promesse de faire don de ton argent planqué aux Iles
Caïman à tous ceux et celles que tu as jeté à la soupe populaire et au chômage.
Honore-la ou tu vas le regretter.
* PPE :
acronyme de Prothèse Pénienne Espoissarde.
** Le
scandale des prothèses péniennes PPE, fameux procès en malfaçon en instruction actuellement
au tribunal correctionnel de Marseille dont le jugement est encore en délibéré,
à l’heure où nous imprimons ce texte.
© Alain Peticlerc 2014.
-------------------------------------------------------------
http://www.mediatheque-mauguio-carnon.com/book/atelier-portraits-en-partage#.U3tGjShOQVg
http://www.mediatheque-mauguio-carnon.com/book/atelier-portraits-en-partage
https://www.facebook.com/olivier.chevalier.948?fref=ts
http://olivierchevalier.canalblog.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire