vendredi 3 janvier 2014

P'tite chronique BD 1 : Autour de "Voyage au Bout de la Nuit" de Céline illustré par Tardi.


P'tite Chronique BD 1.

A l'occasion du Café Littéraire de novembre, j'avais inauguré ma p'tite Chronique BD à la médiathèque de Mauguio. C'était l'occasion de tester les connaissances des lecteurs présents et de leur intérêt en matière de BD. Certains m'ont parlé d'Astérix, de Tintin, Lucky Luke ou de Pif Gadget qui étaient rattachée à leur enfance exclusivement. 

Ayant une approche globale de la BD et je ne me suis jamais limité aux cases, fussent-elles dessinées... J'ai donc choisi de ne pas aborder directement la bande dessinée - symbiose entre le texte et l'image - mais de commencer par l''illustration : le dessin n'étant qu'un accompagnement, une mise en valeur, un rehaut des textes au travers de la Collection Gallimard/Futuropolis de 1992 (dont certains albums ont été réédités récemment). ainsi, de grands écrivains ont ainsi été illustrés par de grands dessinateurs, dans un format A4 : Albert Camus, Céline, Proust, Dostoiewski... ont été mis en image par Götting, Miles Hyman, Juillard, Loustal, Munoz et Tardi... 
Le Premier Homme d'Albert Camus et José Muñoz. Futuropolis et Gallimard, 2012.



Le Voyage au Bout de la Nuit de Céline est un ouvrage où le style de Tardi fait merveille. Il maitrise le contour des personnages sans les enfermer, le travail sur le noir et blanc est inspiré, très libre, les grisés laissent apparaitre la matière du papier... La vie est présente dans chacun des personnages et les visions de la mort, tranchées, contrastées, n'en sont que plus terribles. 
En cul-de-lampe, une colonne, deux, en demi-page, pleine page ou double page, la part réservée aux illustrations est importante et le noir et blanc profond. C'est un retour aux Beaux Livres de l'âge d'Or, quand Dumas, La Fontaine, Jules Verne étaient illustrés par Grandville ou Gustave Doré. 

Voyage au Bout de la Nuit. Louis-ferdinand Céline et Tardi. Futuropolis et Gallimard, 2006.

D'ailleurs Tardi a adapté en bande dessinée cette fois des écrivains ou bien a collaboré directement avec eux : Jean-Patrick Manchette, Daniel Pennac, Jean Vautrin, Pierre Siniac, Tonino Benaquista, ou Leo Mallet pour Nestor Burma...
Son œuvre offre des personnages cassés, des anti-héros, ceux que le destin fracasse, toute cette comédie humaine tellement proche de nous, faillible et touchante : "Tueur de cafards", "Jeux pour mourir", "Le Cri du Peuple", "Le Secrêt de l'Etrangleur"," La Débauche", "C'était la Guerre des Tranchées", "Moi, René Tardi, prisonnier au Stalag II B"...

Leo Mallet & Tardi. Brouillard au Pont de Tolbiac. Casterman. Réédition de 1997.

La médiathèque de Mauguio est bien fournie et nos amis de la média ont ainsi pu retrouver certains livres dont celui de Leo Mallet "Brouillard au Pont de Tolbiac" ainsi que la BD adaptée par Tardi et Mallet lui-même... 

Le passage entre les moyens d'expression existe donc et il est couramment utilisé.

Je vous en reparlerai même bientôt. 

L'illustration et la littérature nous ont emmenés à la BD et la BD nous conduit au cinema puisque le personnage d'Adèle Blanc Sec (de Tardi) a été adapté il y a peu par Luc Besson. 


Tardi. Adèle Blanc-Sec, Tome 1. Casterman. Réédition de 2007.
Les Aventures Extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec. Luc Besson, Europacorp. 2010.

Pour finir, et puisque cette chronique est tenue au sein d'une médiathèque, pour les plus curieux, il y a aussi d'autres perles témoignages réussis du passage de la BD au cinema : "les Petits Ruisseaux" la BD de Pascal Rabaté qu'il a lui-même adaptée au cinema avec Daniel Prévost, Persepolis de Marjane Satrapi qu'elle a adapté en dessin animé, et "Quai d'Orsay" de Blain et Lanzac que Bertrand Tavernier vient de mettre en images...



Et qu'on arrête de mettre les gens, les styles, les histoires dans des cases comme on a pu placer la BD dans une case "Pour enfants" si simpliste et qui témoigne surtout d'une méconnaissance...

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